Au moins 80 personnes sont mortes suite à l'échec des négociations

Depuis jeudi dernier, l'ELN lance une offensive dans la région de Catatumbo contre un groupe armé rival composé d'anciens membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui continuent de se battre malgré le désarmement du groupe en 2017.

Le bilan des morts, y compris des civils et d'anciens combattants des FARC, s'est élevé à plus de 80 dimanche, contre 60 samedi, dont sept anciens combattants des FARC, dans cinq zones de la région productrice de cocaïne frontalière avec le Venezuela, a déclaré le gouverneur de l'État de Norte de Santander, William Villamizar.

Parmi les personnes tuées se trouvaient le leader communautaire Carmelo Guerrero et sept personnes qui tentaient de signer un accord de paix, selon un rapport de l' Inspection du gouvernement colombien.

Les combats ont forcé des milliers de personnes à fuir leurs foyers, beaucoup se réfugiant dans des montagnes densément boisées ou cherchant des centres de secours mis en place par le gouvernement .

Le gouverneur Villamizar a déclaré qu'environ 5 000 personnes avaient été évacuées et que des dizaines d'entre elles avaient été blessées. Il a qualifié la situation d'« alarmante ».

« Le Catatumbo a besoin d'aide. Des enfants, des jeunes et des familles entières quittent leurs foyers sans rien, voyageant par tous les moyens, même à pied, pour éviter d'être victimes du conflit », a-t-il déclaré samedi.

Face à l'escalade de la situation, l'armée colombienne a déployé plus de 5 000 soldats dans la région pour renforcer la sécurité. Le commandant en chef de l'armée, le général Luis Emilio Cardozo Santamaria, a indiqué qu'un corridor humanitaire était en cours de mise en place entre les villes de Tibu et de Cucuta afin d'assurer la sécurité des personnes évacuées.

Les FARC ont signé un accord de paix avec le gouvernement en 2016, mettant fin à plus de 50 ans de guerre civile. Cependant, la violence persiste, des groupes armés comme l'ELN, les éléments restants des FARC, les paramilitaires d'extrême droite et les cartels de la drogue se disputant le territoire et les itinéraires de trafic de drogue.

L'ELN a accusé d'anciens combattants des FARC d'être derrière plusieurs meurtres dans la région, notamment celui d'un couple et de leur bébé de neuf mois le 15 janvier.

Dans un communiqué publié samedi, l'ELN a déclaré avoir averti l'ancien groupe des FARC que s'il « continue d'attaquer les civils, il n'y aura pas d'autre option que la confrontation armée ».

Les tensions ont également augmenté depuis que l'ELN s'est heurté au cartel de la drogue du Clan du Golfe - la plus grande organisation criminelle de Colombie - faisant au moins neuf morts dans une autre région du nord du pays.

Face à l'escalade de la violence, le président colombien Gustavo Petro a décidé vendredi de suspendre les négociations de paix avec l'ELN, suscitant des inquiétudes quant à l'avenir de son plan de « paix globale ».

Cao Phong (d'après AJ, AFP)