Les entreprises américaines confrontées au « mur » tarifaire du président Trump

« C'est un cauchemar », a déclaré Jared Hendricks, propriétaire de Village Lighting, une entreprise basée dans l'Utah. M. Hendricks a contracté un prêt immobilier de 1,5 million de dollars plus tôt cette année pour couvrir la hausse inattendue des coûts. Depuis avril, la plupart des biens importés aux États-Unis sont soumis à un tarif minimum de 10 %.

Des dizaines de partenaires commerciaux des États-Unis sont confrontés à des droits de douane allant de 25 à 40 % s’ils ne signent pas d’accords commerciaux avec l’administration Trump avant la date limite du 1er août.

Ces dernières semaines, le président américain Trump a adressé des lettres à plusieurs pays pour leur exposer son intention d'imposer des droits de douane sur leurs marchandises. Il a également conclu des accords avec d'importants partenaires commerciaux, dont l'Union européenne (UE) et le Japon.

Au total, les biens importés aux États-Unis seront taxés de 10 à 50 %, selon leur origine, contre un taux tarifaire moyen de près de 2,5 % au début de l’année.

M. Hendricks, qui dirige une entreprise d'une douzaine d'employés, a déclaré que les nouveaux droits de douane présenteraient de nombreux défis pour son entreprise, qui vend des guirlandes et des décorations de Noël fabriquées en Asie du Sud-Est. Il s'attendait à ce qu'une grande partie des livraisons de son entreprise arrivent aux États-Unis après le 1er août.

M. Hendricks a du mal à concurrencer ses concurrents plus importants ; il pousse donc ses fournisseurs et les compagnies maritimes à livrer plus tôt que prévu. Ces nouvelles dépenses surviennent pendant la basse saison, période où il ne gagne pratiquement rien.

Les grandes entreprises ont également déclaré que les tarifs douaniers avaient nui à leurs bénéfices, même si certaines exemptions ont été accordées par la Maison Blanche et que le plan n’a pas encore été pleinement mis en œuvre.

General Motors a récemment déclaré aux investisseurs qu'elle avait payé plus d'un milliard de dollars en droits de douane entre début avril et fin juin, malgré les exemptions accordées aux pièces automobiles en provenance du Mexique et du Canada.

Les fabricants de jouets Hasbro et Mattel prévoient que les droits de douane leur coûteront des dizaines de millions de dollars cette année, les obligeant à revoir à la baisse leurs prévisions de chiffre d'affaires. Le fabricant aérospatial RTX (anciennement Raytheon) a déclaré que même après avoir atténué l'impact, il s'attend à une perte de 500 millions de dollars due aux nouveaux droits de douane.

Les dirigeants de l'industrie sidérurgique, quant à eux, espèrent que les nouveaux droits de douane stimuleront la demande intérieure. Certains syndicats ont également exprimé leur soutien à certains aspects du plan du président Trump.

Cependant, les économistes prédisent toujours que cette taxe ralentira la croissance aux États-Unis, car les bénéfices des entreprises seront affectés. Celles-ci devront alors réduire leurs investissements ou accepter une baisse de leurs ventes en raison de la hausse des prix.

Waza, un magasin de Los Angeles employant une trentaine de personnes et vendant des produits fabriqués au Japon, tels que des couteaux et de l'encens, a commencé à augmenter ses prix de 10 à 20 %. Si les responsables japonais et américains ont qualifié de positif l'accord visant à réduire les droits de douane sur les importations japonaises à 15 %, un représentant de Waza a qualifié le résultat de décevant.

Les analystes de Goldman Sachs ont récemment estimé que les droits de douane réduiraient la croissance américaine d'un point de pourcentage cette année. Pourtant, les actions américaines ont atteint de nouveaux sommets, la crainte qui avait saisi les marchés financiers après l'annonce des droits de douane par Trump en avril s'étant dissipée. La confiance des consommateurs est en hausse, les prix sont sous contrôle et le marché de l'emploi reste dynamique.

Ernie Tedeschi, de l'Université Yale (États-Unis), estime que la situation s'explique en partie par la résolution de l'instabilité antérieure. Il prédit également que les droits de douane réduiront la croissance américaine d'environ 0,8 point de pourcentage cette année.

Mais Tim Quinlan, de Wells Fargo, a déclaré que les gens sous-estiment peut-être le risque. Il a noté que les dépenses de consommation en services discrétionnaires, comme les taxis ou les voyages aériens, ont diminué au cours des cinq premiers mois de l'année, ce qui ne se produit que pendant ou immédiatement après une récession. Cela ne signifie pas qu'une « récession est imminente », mais cela soulève des doutes quant à la capacité des consommateurs à continuer de soutenir l'économie, a-t-il ajouté.

Alors que les stocks pré-tarifaires s’amenuisent à l’approche de la date limite du 1er août, l’impact total des nouveaux tarifs se fera sentir dans les mois à venir.