Les scientifiques impliqués dans le projet ont déclaré que la Chine avait développé un nouveau matériau de surface pour le véhicule hypersonique afin de garantir qu'il reste intact après un long vol. Selon le South China Morning Post, cette technologie était jusqu’alors considérée comme inaccessible.

Lors d'un test mené par l'armée chinoise, ce matériau fin a été appliqué sur la surface d'un véhicule de glisse hypersonique « waverider ». Cet avion utilise les ondes de choc créées par son propre vol pour améliorer la portance. La chaleur rayonnant autour de ce véhicule a atteint des milliers de degrés Celsius.

Selon l'analyse des données de télémétrie, le matériau à surface lisse et non abrasive permet non seulement de garder au frais les composants critiques à l'intérieur de l'avion, mais permet également aux signaux sans fil de passer sans restriction. Cet élément assure une identification et une communication fluides pendant le vol.

« Le vol d’essai a été un succès total », a déclaré l’équipe dans la revue à comité de lecture Physics of Gases le mois dernier. Le groupe n’a pas divulgué l’heure et le lieu du test.

Selon Yi Bangcheng, directeur adjoint de l'Académie chinoise d'ingénierie aérospatiale et chef de l'équipe de recherche, cette nouvelle technologie devrait contribuer au développement d'une nouvelle génération de véhicules hypersoniques réutilisables avec des portées plus longues et des vitesses plus rapides.

M. Nghe et ses collègues ont ajouté que la course à l'hypersonique est entrée dans une nouvelle phase avec « d'énormes défis et opportunités ».

Avec un missile balistique traditionnel, l’ogive peut atteindre des vitesses hypersoniques – plus de cinq fois la vitesse du son – avant de tomber sur sa cible. Cependant, ces vols supersoniques sont très courts, ne durant généralement que quelques minutes.

La National Aeronautics and Space Administration (NASA) et l'armée américaine ont déjà lancé plusieurs projets visant à développer des véhicules hypersoniques capables d'effectuer régulièrement des vols longue distance, comme des avions à réaction.

Cependant, après plusieurs échecs, ces projets furent annulés, l'une des principales raisons étant qu'aucun matériau ne pouvait rester intact à la surface de l'avion après un vol supersonique d'une durée d'une heure ou plus.

Ces dernières années, le gouvernement américain a relancé le programme hypersonique mais a rencontré quelques difficultés. Les dommages causés par la chaleur restent le plus gros casse-tête pour les développeurs d'armes hypersoniques américains, selon un rapport envoyé aux politiciens par le Congressional Budget Office américain en janvier.

« Le défi fondamental restant consiste à gérer les températures extrêmes auxquelles les missiles hypersoniques sont confrontés lorsqu’ils se déplacent à grande vitesse dans l’atmosphère pendant la majeure partie de leur trajet », indique le rapport. En outre, l'armée américaine cherche également des moyens de réduire les coûts dans l'industrie des missiles hypersoniques, selon Defense News.

Après avoir obtenu un succès initial, l'équipe de scientifiques chinois a déclaré que la deuxième phase de la course hypersonique se concentrerait sur le développement de plates-formes réutilisables à longue portée qui auront des applications à la fois militaires et civiles.

Pour les militaires, ces avions hypersoniques peuvent effectuer des missions de reconnaissance, larguer des bombes, intercepter des avions furtifs ou transporter un petit groupe de forces spéciales vers n'importe quel endroit de la planète en 1 à 2 heures.