Petit accord, grand désaccord

Lors de ce sommet, les membres de l'UE ont convenu de renforcer significativement leurs capacités de défense, dans l'esprit de la proposition de réarmement européen et de la nouvelle stratégie de défense proposée par la Commission européenne. Cependant, l'UE n'a donné son accord qu'en termes généraux, et non spécifiques, et ne l'a pas encore institutionnalisé en une décision contraignante pour ses membres. Le bloc permet toujours à ses membres de mettre en œuvre volontairement la politique de renforcement de leurs capacités. Une telle décision, bien qu'opportune, est plus symbolique que substantielle, car de nombreux membres ne comprennent pas pleinement le point de vue de la Commission européenne sur la nécessité de renforcer leurs armements ou ne le feront qu'à un niveau inférieur à celui attendu par la Commission européenne.

Le désaccord au sein de l'UE sur la poursuite du soutien à l'Ukraine a transformé l'UE à 27 en un groupe 26+1. La réunion était censée aboutir à une déclaration commune des 26 membres – moins la Hongrie – sur la poursuite du soutien à l'Ukraine. Mais même cette déclaration ne contenait aucun chiffre précis sur le montant des fonds et des armes fournis à l'Ukraine. La Hongrie a même annoncé qu'elle opposerait désormais son veto à toute décision commune de l'UE sur la poursuite du soutien à l'Ukraine.

Un tel désaccord est préjudiciable à l’UE aujourd’hui et à long terme, car il limitera considérablement la mesure dans laquelle le bloc peut soutenir l’Ukraine, et en même temps, il fera en sorte que le bloc ne dispose pas du consensus nécessaire sur les décisions importantes à prendre dans la période à venir concernant la nouvelle administration aux États-Unis et concernant la Russie.