Créer un précédent souverain

En 1959, le Traité sur l'Antarctique a été signé par 12 pays. Son principal texte stipulait que seule la recherche scientifique était autorisée et que toute action militaire était totalement interdite en Antarctique. À ce jour, 54 pays ont adhéré au Traité sur l'Antarctique. Le Chili, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Japon et l'Argentine sont les six pays possédant leurs propres stations de recherche en Antarctique. La question de la souveraineté nationale n'est pas abordée dans ce traité.

M. Boric a créé un précédent en se rendant personnellement en Antarctique et en affirmant la souveraineté du Chili sur ce territoire. À ce jour, M. Boric est le premier chef d'État au monde à se rendre en Antarctique et à affirmer la souveraineté du Chili sur ce territoire.

Parmi les six pays qui possèdent actuellement des stations de recherche en Antarctique, le Chili et l'Argentine sont géographiquement les plus proches du pôle Sud. Cette proximité géographique a joué un rôle déterminant dans la décision de M. Boric d'établir la souveraineté du Chili en Antarctique. Le changement climatique mondial entraîne la fonte progressive de la glace, apparemment éternelle. Les progrès scientifiques, techniques et technologiques ont rendu l'exploration et l'exploitation des abondantes ressources naturelles de l'Arctique et de l'Antarctique plus réalisables et prometteuses. La concurrence entre de nombreux partenaires mondiaux pour le contrôle du territoire de l'Arctique et de l'Antarctique s'intensifie.

M. Boric s'inscrit dans cette tendance pour le Chili et entend garder une longueur d'avance sur ses partenaires, dans la mesure du possible, à un moment où il est encore possible de le faire. La conséquence inévitable est que non seulement la recherche scientifique, mais aussi la souveraineté nationale, gagneront en importance en Antarctique, transformant ce continent froid en un nouveau point chaud géopolitique.