Le gouvernement néerlandais a annoncé le 30 juin de nouvelles règles restreignant les exportations de certains équipements semi-conducteurs avancés, une décision qui intervient alors que les États-Unis font pression sur leurs alliés pour limiter les ventes de composants de haute technologie à la Chine.

« Nous prenons cette mesure dans l'intérêt de notre sécurité nationale », a déclaré la ministre néerlandaise du Commerce, Liesje Schreinemacher, ajoutant que les appareils interdits pourraient avoir des applications militaires.

Seul un nombre très limité d'entreprises et de modèles de produits seront concernés, et la Chine n'est pas nommée, selon Schreinemacher.

Les nouvelles règles devraient entrer en vigueur le 1er septembre. Jusqu'à cette date, les entreprises fabriquant des équipements de fabrication de puces de pointe devaient demander une licence avant d'exporter.

L'annonce du gouvernement néerlandais fait suite à un accord de haut niveau entre le pays, les États-Unis et le Japon, visant à renforcer les restrictions alors que Washington cherche à entraver la capacité de Pékin à produire ses propres puces.

L’administration du président américain Joe Biden a fait pression sur ses alliés pour empêcher la Chine de développer davantage sa propre industrie des puces électroniques afin de progresser dans des technologies telles que l’intelligence artificielle et l’informatique quantique et de renforcer ses capacités militaires.

Bien que les mesures ne mentionnent pas spécifiquement la Chine ou ASML, elles visent à restreindre les expéditions de trois modèles de machines ASML vers le pays asiatique, selon Bloomberg.

ASML est l’un des maillons les plus importants de la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs, avec un quasi-monopole sur les machines dont les fabricants de puces ont besoin pour produire les puces les plus avancées.

« Nous ne prévoyons pas que ces mesures auront un impact significatif sur nos perspectives financières pour 2023 ou à plus long terme », a déclaré ASML, l'entreprise technologique la plus valorisée d'Europe, dans un communiqué du 30 juin. ASML a également déclaré qu'elle se conformerait à toutes les réglementations d'exportation émises par les autorités néerlandaises, américaines et européennes.

Les actions ASML ont chuté de 2,4% à 652,70 euros à 10h13 à Amsterdam le 30 juin, après avoir chuté jusqu'à 3,8% immédiatement après l'annonce de la nouvelle. L'action est en hausse d'environ 30 % depuis le début de l'année.

Les nouvelles mesures néerlandaises sont moins strictes que celles prises par l’administration Biden l’année dernière pour restreindre les exportations de machines et de savoir-faire fabriqués aux États-Unis vers les fabricants de puces chinois.

En octobre 2022, les États-Unis ont imposé des restrictions à l'exportation sur les expéditions d'outils de fabrication de puces américains vers la Chine en provenance d'entreprises américaines telles que Lam Research et Applied Materials pour des raisons de sécurité nationale, et ont fait pression sur d'autres pays ayant des fournisseurs clés pour qu'ils fassent de même.

En janvier 2023, les responsables néerlandais et japonais ont accepté en principe de participer à l’opération américaine. Ces trois pays sont les principaux fournisseurs mondiaux de machines et possèdent l’expertise nécessaire pour créer les semi-conducteurs les plus avancés au monde.

Le Japon, qui abrite les fabricants d'équipements de puces Nikon Corp et Tokyo Electron, a adopté des règles restreignant les exportations de 23 types d'équipements de fabrication de semi-conducteurs, qui devraient entrer en vigueur le 23 juillet .

Nguyen Tuyet (selon Bloomberg, Reuters)