M. Duterte, 79 ans, a été arrêté à Manille, la capitale, puis embarqué sur un vol privé pour les Pays-Bas le 13 mars. Lors de la première audience, qui a eu lieu le 14 mars, il a comparu par liaison vidéo depuis un centre de détention proche de la CPI. Interrogé à ce sujet, M. Duterte a seulement confirmé son identité et sa date de naissance, sa voix semblant faible.

C'est la première fois qu'un ancien chef d'État asiatique est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI).

L'avocat Salvador Medialdea, qui représente M. Duterte, a déclaré que l'arrestation et l'extradition de l'ancien président étaient un acte de « kidnapping flagrant ». Il a confirmé que son client souffrait de plusieurs problèmes de santé graves, notamment de troubles neuromusculaires chroniques, de maux de dos, de migraines et de caillots sanguins. Pour cette raison, M. Duterte n’est pas physiquement éligible à être jugé.

Cependant, la juge Iulia Antoanella Motoc a rejeté cet argument, affirmant que le médecin du tribunal avait examiné et confirmé que M. Duterte était « pleinement conscient et apte à être jugé ». Elle a également déclaré que les questions liées à la santé de M. Duterte et à son extradition pourraient être débattues lors de procès ultérieurs.

Pendant ce temps, la vice-présidente philippine Sara Duterte, fille de M. Duterte, était présente au procès en tant que spectatrice. Elle avait précédemment qualifié l'arrestation d'acte de répression politique et déclaré qu'elle déposerait une requête pour déplacer le procès vers un autre lieu.

M. Duterte est accusé d'avoir mené une répression brutale contre les crimes liés à la drogue qui a duré de 2011 à 2019, alors qu'il était maire de Davao puis président des Philippines. Selon les chiffres officiels de la police philippine, au moins 6 000 personnes ont été tuées au cours de cette campagne.

Le procès de M. Duterte reprendra le 23 septembre, date à laquelle les juges décideront s'il existe suffisamment de preuves pour procéder à un procès formel. S’il est reconnu coupable, Duterte risque la prison à vie.

Cependant, de nombreux experts estiment que le procès de Duterte pourrait durer des années. La CPI ne dispose pas de force de maintien de l’ordre, donc si les Philippines refusent de coopérer, il sera difficile de faire appliquer le jugement.

Cao Phong (selon ICC, DW, CNA)