J'ai fouillé dans mes souvenirs pour retrouver les rivières et les ruisseaux du passé. Oui ! Cette époque est révolue depuis longtemps, au moins trente ou quarante ans. Les rivières de ma ville natale ont rafraîchi mon enfance, elles ont relié l'amour et les rencontres, apportant la vie.
Les rivières coulent dans le cœur des gens avec une nostalgie infinie. Le poète Te Hanh a écrit : « Ma patrie a une rivière bleue / L'eau claire reflète les rangées de bambous / Mon âme est les midis d'été / Le soleil brille sur la rivière scintillante… ». À cette époque, la rivière était musique, poésie, tout l'amour et l'attachement que les gens y mettaient de génération en génération, lui étaient redevables et lui manquaient. La rivière est l'âme du pays, la source qui crée le parfum et la couleur de la patrie, la force vitale qui nourrit la verdure des berges des villages. La rivière donne des ailes aux rêves, porte le cœur des gens loin de chez eux. Ce sont les rivières d'un bleu profond, coulant entre les rives verdoyantes des bambous. Les bateaux montent et descendent, les chants et les mélopées suivent la rivière, voguant sans fin au gré du vent, de la lune, de l'amour des hommes et des femmes. Ajoutez à cela les quais fluviaux, où les bateaux s'arrêtent pour commercer, où mères, sœurs et enfants sortent chaque soir pour se baigner, puiser de l'eau et même attendre les dattes… Comme la rivière Dinh dans ma ville natale, elle coule tranquillement de Tanh Linh à La Gi, en passant par Ham Tan, avant de se jeter dans l'océan. Quiconque a vécu à Binh Tuy, ou à La Gi aujourd'hui, garde des souvenirs plus ou moins inoubliables de cette rivière. Comment oublier les après-midi d'été où l'on se prélassait dans l'eau fraîche ou où l'on longeait les berges pour cueillir du myrte aquatique, du coton, pêcher, attraper des crabes et des escargots ? De plus, sur la rivière Dinh se trouve le barrage de Da Dung, un site historique d'une grande beauté.
À cette époque, Da Dung possédait un jardin de cerisiers, une pagode à un pilier, une statue de lion en pierre et des ponts de bois incurvés. S'asseoir avec Da Dung par une nuit de pleine lune, c'était comme s'asseoir dans un jardin de conte de fées. Au loin, sous le clair de lune, de minuscules bateaux de pêche dérivaient paresseusement le long de la rivière ; puis le bruit de l'eau ruisselant au clair de lune, le faible son de la lune tombant délicatement sur le jardin de cerisiers. Tout cela créait une beauté magique et chatoyante. La rivière Dinh est toujours là, mais toute la beauté magique et chatoyante du passé a disparu. Comme le destin de nombreux fleuves et ruisseaux au Vietnam. Les rivières d'aujourd'hui n'apportent plus paix et tranquillité. À la saison sèche, le lit de la rivière est exposé aux rochers ; à la saison des pluies, les eaux de crue grondent sans cesse.
La rivière Dinh est petite et poétique, mais lorsqu'elle se déchaîne, les conséquences sont désastreuses. Souvenez-vous, en juillet 1999, une terrible crue soudaine sur la rivière Dinh a emporté la quasi-totalité des ponts et des maisons des deux côtés, puis a submergé toute la rue La Gi. Et récemment, dans la nuit du 28 août 2021, en pleine saison épidémique, la rivière Dinh a de nouveau grondé, provoquant des inondations qui ont coulé des dizaines de bateaux de pêcheurs. Propriétés, maisons, champs, jardins… tout le travail acharné, la sueur, les larmes et le sang versé ont été submergés par les eaux.
La rivière autrefois paisible de leur ville natale est devenue une terreur pour eux pendant la saison des crues. Notre pays compte actuellement plus de 70 barrages hydroélectriques, dont une proportion importante dans les régions du Centre et des Hauts Plateaux. Ces rivières portent des dizaines de barrages hydroélectriques sur leur dos. En résumé, l'énergie hydroélectrique de la région du Centre est faible, nécessite peu d'investissements, mais génère des profits élevés. Cependant, personne n'a encore anticipé les dommages causés à la population. Dix barrages hydroélectriques sur la même rivière, dix réservoirs, et en aval, il ne restera certainement plus d'eau pour subvenir aux besoins de la population pendant la saison des sécheresses… Rétablir la paix dans les rivières est notre responsabilité.
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